Nous avons tous, un jour, été touché de près ou de loin par la dépression. Que nous soyons directement concerné ou que cela touche un de nos proches, nous sommes souvent démunis face à cette situation. Traumatisme passé ou présent, deuil, génétique… Comment réagir et comment aider au mieux quelqu’un qui souffre? Le mieux est déjà de savoir de quoi on parle lorsqu’on évoque la dépression, c’est pourquoi nous allons la définir. Et je vous donnerai à la fin 8 clés, accessibles à tous, pour aider à sortir de ce cercle vicieux.
Qu’est-ce que la dépression?
Tout d’abord, il faut savoir faire la distinction entre la déprime et la dépression. Ces deux termes sont souvent utilisés à tord et travers, sans savoir vraiment de quoi nous parlons. La déprime est un épisode douloureux mais surmontable, que nous connaissons tous au cours de notre vie. Une baisse de moral, quelques sauts d’humeur, une grande fatigue, une envie de rien. La déprime peut s’expliquer par une cause bien précise ou pas du tout, du moins en apparence. Elle est passagère.
La dépression quant à elle est une maladie dont il est beaucoup plus difficile de se défaire. La vraie différence qui réside entre les deux terminologies est dans la durée ainsi que dans l’intensité des troubles. Les capacités et les aptitudes d’une personne qui fera une déprime ne seront pas atteintes, alors qu’un dépressif se retrouvera considérablement diminué de ses compétentes.
Il est intéressant de savoir qu’il existe différents types de dépression, comme :
- anniversaire : liée à un événement traumatisant, quand la date arrive, nous sommes terriblement affecté
- saisonnière : en référence aux saisons, trop ou pas assez de luminosité
- liée à l’âge : aîné ou adolescent
- liée à un événement passé qui ressurgit
- post partum : suite à la naissance d’un enfant
Les différents signes de la dépression
Pouvoir faire la différence entre une déprime et une dépression est essentiel. C’est pourquoi connaître l’ensemble des signes qui caractérisent une dépression est primordial, afin de savoir, justement, les reconnaître chez une personne qui souffre.
La dépression se base sur deux éléments phares définissant l’état dépressif. Ces principaux symptômes sont présents à chaque fois, à savoir :
- l’humeur dépressive
- le ralentissement psychomoteur
Pour autant, des facteurs, ne définissant pas à eux seuls la dépression, y sont associés, comme:
- l’anxiété
- les troubles du sommeil
- les troubles alimentaires
- l’irritabilité
- les troubles psychosomatiques
- le désir de mort (suicide ou tentative)
Nous allons voir un à un chacun de ses points afin de mieux comprendre à quoi ils correspondent.
Les principaux symptômes
L’humeur dépressive
L’humeur dépressive consiste en une vision pessimiste du monde et de soi-même. De manière générale, l’humeur est censée être adaptée à l’ambiance et au contexte, hors ici rien ne semble pouvoir modifier cet état de mal-être profond. La présence de ces quelques signes (au moins 4 sur les 8) indiquerait que vous seriez concerné par cette humeur dépressive:
- tristesse pathologique allant du simple cafard au désespoir
- vécu pessimiste accompagné d’un sentiment d’insatisfaction, d’autodépréciation et de culpabilité
- sentiment d’ennui, renvoyant à la morosité, à la perte de sens dans les activités
- incapacité à trouver du plaisir (anhédonie)
- perte des intérêts antérieurs, plus d’intérêt dans les occupations, comparaison entre le passé et le présent
- dévalorisation de soi, vision négative, estime de soi annihilée et très faible, autodépréciation
- vision négative du monde extérieur avec sentiment d’être incompris, sans aide
- vision négative du futur, sentiment que rien ne peut changer, que l’avenir sera pire, idée d’incurabilité
Le ralentissement psychomoteur
Synonyme d’inhibition ou de perte d’élan vital, le ralentissement psychomoteur est, comme son nom l’indique, une diminution d’énergie autant sur le plan physique que psychologique. Il s’accompagne de trouble de la mémoire et de la concentration. La personne éprouve beaucoup de difficultés à écouter, notamment parce que des pensées négatives résonnent en elle. Il semble alors compliqué de fixer son attention et de mémoriser ce qui a pu être dit. D’autre part, le temps paraît interminable, et les journées semblent alors ne pas se terminer.
La personne souffrant d’un ralentissement psychomoteur peut éprouver des difficultés à passer d’un thème à un autre (monoidéisme), voire vivre une stagnation dans le raisonnement (anidéisme). Cette pensée ralentie, inefficace, appauvrie est généralement vécue douloureusement.
La démarche est également marquée, que ce soit par la lenteur des gestes ou la perte de mobilité du tronc, une monotonie dans les expressions du visage, un ralentissement du débit de parole. Les réponses sont différées, brèves, entrecoupées de pauses et de soupirs. Dans 90% des cas, grande fatigue, allant de la sensation de se fatiguer plus rapidement au sentiment d’épuisement complet.
Les symptômes associés
L’anxiété
L’anxiété est toujours là, tel un porte-drapeau. L’anxiété est différente de l’angoisse, dans laquelle il y a un objet de crainte identifié. Hors, dans l’anxiété, l’objet n’est pas là, il est flou voire incertain. C’est un sentiment pénible d’attente d’un danger imminent et imprécis, qui peut parfois se traduire par une agitation psychomotrice (pouvant d’ailleurs masquer le ralentissement dépressif). L’anxiété est accompagnée de signes somatiques tels que des tremblements ou des sudations. Elle peut provoquer un comportement inapproprié, pouvant être brutal ou explosif.
La personne se sent alors incapable de tenir en place ou de se détendre, engendrant des troubles de panique, des phobies, des obsessions… Peut alors se développer un trouble de l’attention du fait d’une hypervigilance face à tout nouveau stimulus.
Les troubles du sommeil
Les insomnies sont présentes dans près de 60% des cas de dépression. Elle peut subvenir le soir, l’endormissement se fait alors par épuisement mais la personne se réveille aussitôt, ou le matin, même s’il n’y a rien à faire comme activité. Ces insomnies sont principalement dues aux ruminations et à l’anxiété. Elles s’accompagnent généralement de somnolence diurne afin de combler le manque.
Il existe aussi des cas d’hypersomnie mais ils sont plus rares.
Irritabilité
L’irritabilité peut s’apparenter à un trouble du caractère, une hostilité, une violence, une intolérance vis-à-vis de l’entourage. Ce comportement survient avant que la personne malade n’apparaisse comme véritablement déprimée. Cette attitude ne fera qu’accroitre le sentiment de culpabilité. En effet, le dépressif ne se reconnait plus, et le risque de passage à l’acte suicidaire est accentué.
Les troubles alimentaires
Les troubles de l’alimentation sont directement lié à un aspect de l’humeur dépressive : l’anhédonie, à savoir la perte de goût. Il y a davantage d’anorexiques que de boulimiques (80%-20%). Les troubles alimentaires sont considérés comme une forme d’addiction, dont l’objet serait sa propre image.
Les troubles psychosomatiques
S’apparentant à des troubles neuromusculaires, les troubles psychosomatiques donnent une sensation de tension musculaire (douleurs, crampes, tremblement…). Des céphalées ou des névralgies faciales, des troubles urinaires ou digestifs ne sont pas en reste. Il se peut également que ces troubles s’accompagnent de problèmes liés à la sexualité (perte de plaisir, impuissance et/ou frigidité)
Le désir de mort
La volonté de mourir est quasi omniprésente dans les cas de dépression, car elle permettrait, selon le dépressif, d’annihiler sa souffrance. C’est sa seule issue pour se sentir enfin bien. Malheureusement, souvent, la personne malade ne laisse rien paraître (mélancolie souriante). Ce désir est aussi un appel à l’aide ou une manière de se punir (culpabilité). Certaines conduites peuvent aussi être considérés comme des équivalents suicidaires sur le long terme, comme le refus de s’alimenter, de se soigner ou encore les addictions (alcool, tabac…)
Comment sortir d’une dépression?
La dépression est une maladie qui s’installe progressivement et dont il est difficile de s’en défaire. Les symptômes sont bien souvent installés depuis longtemps lorsque nous nous rendons compte que quelque chose ne va pas. S’en sortir est, par conséquent, compliqué mais absolument pas impossible
Pour soigner une dépression, vous aurez besoin :
De temps :
Lorsque la dépression est installée, aller mieux ne se fera pas du jour au lendemain. Tout dépend de la raison de la dépression ainsi que de la durée d’installation avant de se rendre compte que quelque chose n’allait pas. Il faut donc prendre son mal en patience, et s’accorder du temps (des semaines, des mois voire des années) avant de se retrouver.
De déculpabiliser :
Vous n’êtes pas responsable de la manière dont vous réagissez avec votre entourage ou de la façon dont vous voyez la vie, encore de moins de votre état de fatigue qui vous empêche d’aller de l’avant. Le fameux « quand on veut, on peut » n’est pas toujours vrai. Toutes vos émotions sont à fleur de peau, et il est essentiel de commencer par se dire que vous n’y pouvez rien. La dépression est une vraie maladie, pas une passade.
De comprendre vos symptômes :
Oui vous avez changé, vous ne vous reconnaissez certainement plus dans vos réactions ou vos occupations. Comprendre que l’on va mal est important, et pouvoir mettre des mots sur ce qui se passe est essentiel. Si vous arrivez à objectiver un peu votre état et à le corréler à une possible dépression, ce sera déjà un premier pas vers la guérison
D’accepter :
On se croit fort, on se dit que le mal-être mental, c’est pour les autres. Il est possible de ressentir une forme de honte au vécu de ces différents symptômes, parce qu’on peut croire qu’il n’y a pas de raison explicite à aller aussi mal, et qu’il y a plus malheureux dans le monde. Mais chacun à le droit à sa souffrance, et chacun a eu un parcours de vie différent qui l’a forgé, construit et parfois blessé. Accepter que l’on va mal, c’est aussi accepter de se faire aider.
D’être entouré :
Le meilleur remède, c’est le soutien. Il est indispensable de se sentir aimé, épaulé, soutenu et entouré lorsque ça va mal. Nous sommes toutes et tous des êtres profondément sociaux et nous avons besoin de nos pairs, de leur écoute et de leur patience . La solidarité atténue l’impact des symptômes.
De consulter :
Etre entouré des gens que l’on aime est important, mais il est crucial de pouvoir parler de tous ses problèmes à un spécialiste. Il est important de consulter un psychologue car il sera à même de pouvoir vous écouter, vous aiguillez sur vos problématiques passées et présentes et vous donnez les outils pour vous en sortir. Il est là pour que vous puissiez avoir un espace de parole qui vous est exclusivement réservé. La verbalisation est la voie vers la guérison.
De sortir, faire du sport
Même si nous n’en avons pas très envie (grosse fatigue, anhédonie…), prendre l’air, été comme hiver, permet de se sentir mieux. Pratiquer une activité sportive, même à petit niveau (30 min de marche par jour est déjà très bien !) donne l’occasion à notre organisme de sécréter de bonnes hormones, comme l’endorphine, qui favorise l’endormissement par exemple.
De recourir à un traitement :
Les tranquillisants ou les antidépresseurs permettent, en dernier recours, de retrouver un peu de mieux-être. Ils offrent la possibilité de mieux dormir notamment. Ils sont délivrés par le médecin généraliste ou le psychiatre qui jugera de votre état et de la dose à prescrire
En conclusion
Bien connaître ses symptômes, les identifier, est un premier pas vers la guérison. S’il ne fallait retenir qu’une seule chose, c’est que nous ne pouvons pas nous en sortir seul, et que ce n’est en aucun cas un aveu de faiblesse. En parler, partager et se laisser le temps d’aller mieux.